Le Jeu Blanc, c'est le hockey sur glace. Blanc, comme la glace et la neige du Canada, blanc comme la couleur des gens qui ont le droit de pratiquer ce sport, blanc comme les hivers terribles qu'a connu Saul dans son enfance. Indien du Canada de la tribu des Ojibwés, Saul décide d'écrire son histoire, lui qui n'arrive pas à la raconter dans ce centre de désintoxication pour alcooliques dans lequel il a échoué. Destruction du lien familial, destruction de son indianité par la politique gouvernementale du Canada dans les années 70 et par le racisme ambiant, Saul, enfant, se retrouve dans un internat où règne la violence, le sadisme et le mépris de la part des religieux catholiques chargés de le diriger. Le hockey, où il se révèle un joueur surdoué grâce à un entraînement caché, une volonté de fer et la connaissance des traditions de ses ancêtres, devrait lui permettre de sortir de cet enfer. Mais un indien ne devrait jamais oublier que même en étant le meilleur joueur du pays, le hockey reste un Jeu Blanc... pour les blancs. Si, comme moi, vous ne vous passionnez pas plus pour le hockey que pour n'importe quel autre sport, pas de panique ! Il ne s'agit pas d'un livre sur le hockey et le talent de Wagamese est tel que même dans ses descriptions du jeu, il arrive à nous emporter loin au-dessus de la glace, du palais et de la crosse et à atteindre la vision ultra-sensible du jeune indien envers le monde qui l'entoure.

Les souvenirs enfouis qui reviennent submerger Saul et la fin du livre, que je vous laisse découvrir, sont de très belles pages qui vous bouleverseront et vous resteront en mémoire.
Même dans un monde de glace, on peut, parfois,  réussir à se réchauffer le cœur... C'est le cas pour Saul. Ce roman se lit facilement et rapidement grâce à une très belle écriture et des chapitres assez courts.

La cruauté que Saul subit, ses chutes et les moments d'espoirs, les très beaux passages et la découverte du monde inconnu des indiens du Canada font qu'on ne voit pas le temps passer.