Patriarcat (sociologie)
Il est des livres qu’on ne souhaiterait pas existants, au sujets répugnants et abjects, encore plus lorsqu’il s’agit d’histoires vraies. Hélène Devynck, journaliste et scénariste, nous propose l’un de ceux là.
Elle et 22 autres femmes accusent Patrick Poivre d’Arvor, célèbre journaliste de TF1, de viols, d'agressions sexuelles et/ou de harcèlement sexuel. Elle y écrit son histoire, mais aussi celle des autres plaignantes dont les témoignages ont été classés sans suite par la justice.
Pour l’AFP, Hélène Devynck déclare : "La menace de la diffamation pèse sur chacun de mes mots. Je ne peux pas prouver que Patrick Poivre d'Arvor m'a violée. Je ne le pourrai jamais. Les faits sont prescrits. Ils ne seront jamais jugés", ce livre est « une lettre, un hommage aux femmes ayant témoigné ». Il illustre parfaitement « l'étoffe dans laquelle se tisse l'impunité ».
L'autrice donne voix à ses "sœurs de misère" : leur "sidération" dans le bureau de PPDA, cette "expérience extrême de l'humiliation" qu'elles décrivent, puis leurs "stratégies" pour vivre l'après. Des récits de solitude, jusqu'à cette année 2021, où elles découvrent être nombreuses à témoigner. Elles se rencontrent autour d'un dîner. "Pour la première fois, nous étions en sécurité".
A ses yeux, l'affaire PPDA ne peut se résumer à "un homme" : l'autrice questionne la responsabilité de TF1, et un "système criminel" entretenu par une culture du silence, teintée de complaisance ou d'indifférence…
Oui, il est des livres qu’on ne souhaiterait pas existants, mais qui le doivent pourtant pour combattre ces impunis, mais aussi et avant tout pour aider, donner le courage aux victimes de parler et dire : PLUS JAMAIS ÇA !
Pauline se fait arrêter en 2014 à Tunis, à l’arrière d’un véhicule de police elle voit défiler la ville, quelques instants suspendus, derniers témoignages de liberté avant de longs mois de détention.
Des tâches de rouille, un mur rouge, lézardé de fissures et cinq bandes noires, larges, implacables : une couverture qui nous plonge immédiatement dans la dureté du monde carcéral. L’insalubrité, l’enfermement, la surpopulation étouffante et les autres dangers permanents, les crimes et le sang : voilà à quoi on s’attend ! Mais, derrière cette image il y a autre chose, un secret qui fait toute la grandeur de ce roman. Au fil des jours d’emprisonnement, des destins qui se dévoilent, ceux des codétenues de l’autrice, des verrous qui sautent au hasard des confessions et soudain, une profonde humanité.
Alors, les larges bandes noires se muent en silhouettes de femmes, plus de barreaux aux murs, des êtres solidaires qui défient l’oppression, celle des hommes, d’une société patriarcale qui les a jetées là, souvent à tort et de façon arbitraire. Dans le sang rouge des crimes on distingue de merveilleux reflets ceux de la lutte, de l’entraide, de la chaleur humaine et de l’amitié.
Plongée dans la torpeur suffocante des journées interminables, l’autrice, dépose sur nos peaux, un murmure, un souffle, une respiration : les récits des vies de chacune de ces femmes, des instants précieux volés à la détention.