France
Au tribunal de Bobigny Pauline attend le jugement, elle n’a pas commis de crime, elle espère juste pouvoir reprendre le prénom que lui ont donné ses parents à sa naissance en URSS : « Polina », avant que celui-ci ne soit francisé. Simple formalité pense-t-elle ! Pas tout à fait, car pour certains renier le prénom que vous a octroyé la république, c’est un peu la trahir, cracher dans la soupe. Comme si, venant d’ailleurs, on ne devenait jamais un citoyen à part entière, comme si on devait être toujours redevable, faire ses preuves. Comme si on devait choisir un pays, plutôt qu’un autre, comme si on vous demandait avec le plus grand sérieux : « tu préfères ton père où ta mère ? ».
Alors, pour répondre à cette absurdité, Polina remonte le fil de sa vie et aussi le fil des mots, de sa langue maternelle à sa langue d’adoption, de l’URSS à la France, elle tisse un drapeau imaginaire, celui d’une identité double et à la fois unique. Elle fait son autoportrait, toile tendue au-delà des frontières, preuve vivante que l’on peut exister au-delà des nations, multiple et riche de ses différences.
On suit le parcours de son intégration à travers son apprentissage d’un nouveau langage. Puis le combat de sa mère, pour que ses enfants n’oublient pas le russe, pour qu’une langue ne remplace pas l’autre. Car conserver sa langue maternelle, c’est aussi resté fier de ses racines, respecter l’héritage de ses aïeuls et leur montrer qu’on les aime.
Un texte d’une grande tendresse, à la fois subtil et drôle qui parle merveilleusement de l’immigration et de l’identité à travers la symbolique du langage.
Un premier roman particulièrement maîtrisé. Mon coup de cœur de la rentrée littéraire.
A Paris, à la Belle Époque, on fête la victoire, la musique des orchestres remplace le son du canon. Pourtant, même avec une coupe de champagne, pour certains la pilule est dure à avaler. Le héros, un ancien combattant estropié au champ d’honneur, a du mal à tourner la page. Alors pour oublier ce que la guerre lui a fait subir, pour réparer ses injustices, il propose son aide aux familles d’anciens soldats dans la détresse.
Un matin de 1925 il est contacté par une riche héritière afin de retrouver son fils. Après quelques jours il découvre que le destin du jeune homme est intimement lié à celui d’une femme dont il est follement amoureux. Commence alors un merveilleux voyage à la recherche de ses amants disparus où l’on découvre peu à peu l’infini pureté de leurs sentiments.
La noblesse de leurs âmes comme une réponse à la brutalité de la guerre et à sa barbarie, avec tout au long du récit cette question suspendue : « l’amour et la poésie pourront-ils suffire à surmonter l’atrocité et l’absurdité des combats ? »
Une histoire d’une grande sensibilité, pleine de surprises et de rebondissements, une danse onirique menée tambour battant, au rythme des cœurs bouleversés, sous le tonnerre des bombes. "Roméo et Juliette" dans les tranchées, inspiré par Boris Vian et filmé par Tim Burton.