Viol
Depuis une certaine soirée, Mélinda est devenue une paria dans son lycée. Jour après jour elle subit les brimades de ses camarades et l’aveuglement de ses professeurs. Ses seuls moments de paix se passent dans un local d’entretien désaffecté où elle s’est créé un nid douillet et a érigé en dieu protectrice « Maya Angelou », artiste et militante américaine pour les droits civiques. Lorsqu’elle rentre au domicile familial, elle ne trouve pas non plus le soutien dont elle a besoin. Restant dans un certain mutisme, ses parents ne lui reprochent que ses faibles résultats scolaires et son manque de travail, sans réellement voir sa détresse. Pourtant, loin de faire une crise d’adolescence, Mélinda cache un drame, une histoire dont elle ne peut parler, mais qui la ronge à petit feu... Adapté du roman éponyme, l’histoire de Mélinda ne nous laisse pas indifférent. Elle traite d’un sujet grave et difficile : le viol. L’action se situe quelques semaines après le crime et dépeint le quotidien de la victime, enfermée dans son mutisme par peur, par honte. Nous assistons à sa chute vertigineuse dans les abysses du cauchemar, à sa coupure avec le monde. Si le récit nous parait si juste c’est qu’il raconte la véritable histoire de l’auteure, Laurie Halse Anderson, violée à l’âge 13 ans, mais qui a réussi à surmonter cette horreur. Elle nous livre donc ici un témoignage puissant, mais loin d’être dans le mélodrame, il donne une leçon de force et de courage. Il dépeint le quotidien de ces victimes d’actes odieux, mais nous livre aussi un message d’espoir, de reconstruction. « Speak » est une œuvre salutaire, à prescrire tant il est source de compréhension et de force. Alors, grand merci Madame Laurie Halse Anderson, pour toutes ces femmes que vous rendrez libres. - Michaël
Il est des livres qu’on ne souhaiterait pas existants, au sujets répugnants et abjects, encore plus lorsqu’il s’agit d’histoires vraies. Hélène Devynck, journaliste et scénariste, nous propose l’un de ceux là.
Elle et 22 autres femmes accusent Patrick Poivre d’Arvor, célèbre journaliste de TF1, de viols, d'agressions sexuelles et/ou de harcèlement sexuel. Elle y écrit son histoire, mais aussi celle des autres plaignantes dont les témoignages ont été classés sans suite par la justice.
Pour l’AFP, Hélène Devynck déclare : "La menace de la diffamation pèse sur chacun de mes mots. Je ne peux pas prouver que Patrick Poivre d'Arvor m'a violée. Je ne le pourrai jamais. Les faits sont prescrits. Ils ne seront jamais jugés", ce livre est « une lettre, un hommage aux femmes ayant témoigné ». Il illustre parfaitement « l'étoffe dans laquelle se tisse l'impunité ».
L'autrice donne voix à ses "sœurs de misère" : leur "sidération" dans le bureau de PPDA, cette "expérience extrême de l'humiliation" qu'elles décrivent, puis leurs "stratégies" pour vivre l'après. Des récits de solitude, jusqu'à cette année 2021, où elles découvrent être nombreuses à témoigner. Elles se rencontrent autour d'un dîner. "Pour la première fois, nous étions en sécurité".
A ses yeux, l'affaire PPDA ne peut se résumer à "un homme" : l'autrice questionne la responsabilité de TF1, et un "système criminel" entretenu par une culture du silence, teintée de complaisance ou d'indifférence…
Oui, il est des livres qu’on ne souhaiterait pas existants, mais qui le doivent pourtant pour combattre ces impunis, mais aussi et avant tout pour aider, donner le courage aux victimes de parler et dire : PLUS JAMAIS ÇA !