Pédophilie
Intempérie est une adaptation du roman éponyme de Jesus Carrasco. Cette œuvre espagnole d’une rare intensité dramatique, traite d’une enfance perdue. Javi Rey, l’adaptateur, a réussi à nous rendre tous les ingrédients du récit original. Le suspense et le stress qui lui sont liés, sont omniprésents. Le rythme est soutenu et quelquefois entrecoupé de bénéfiques moments de paix. L’illustration est à la hauteur du drame. Avec un trait sec et précis, les personnages semblent si réels, marqués, déformés par les malheurs de leur existence... De ce fait nous devenons le témoin impuissant d’une fuite que nous soupçonnons sans issue. L’utilisation des couleurs est également intéressante, les nuances de bleu, de jaune et de rouge renforcent les tensions du récit. Intempérie est un récit âpre, dur, mais qui laisse tout de même la place à l’espoir. - Michaël
Intempérie est une adaptation du roman éponyme de Jesus Carrasco. Cette œuvre espagnole d’une rare intensité dramatique, traite d’une enfance perdue. Javi Rey, l’adaptateur, a réussi à nous rendre tous les ingrédients du récit original. Le suspense et le stress qui lui sont liés, sont omniprésents. Le rythme est soutenu et quelquefois entrecoupé de bénéfiques moments de paix. L’illustration est à la hauteur du drame. Avec un trait sec et précis, les personnages semblent si réels, marqués, déformés par les malheurs de leur existence... De ce fait nous devenons le témoin impuissant d’une fuite que nous soupçonnons sans issue. L’utilisation des couleurs est également intéressante, les nuances de bleu, de jaune et de rouge renforcent les tensions du récit. Intempérie est un récit âpre, dur, mais qui laisse tout de même la place à l’espoir. - Michaël
Des enfants, des adultes, quoi de plus banal. Tout le monde paraît être heureux, mais il n’en est rien. Les silences règnent, les silences pèsent. Certains adultes font du mal aux enfants et dans ce monde, qui ressemble beaucoup au nôtre, les cris de détresse sont rendus inaudibles par une étrange usine, qui s’appelle Grand Silence… « Grand Silence » est un conte pour adultes au sujet tabou, mais dont la médiatisation est de la plus haute importance afin de libérer la parole : celui des violences sexuelles commises sur les enfants. Les autrices, par ce récit poignant, illustrent parfaitement les travers de notre société en révélant les mécanismes moraux et sociaux qui engendrent le mutisme et le déni. Elles dénoncent et expliquent simplement par la métaphore comment une société peut fermer les yeux sur de tels actes et comment, on l’espère, y remédier. Ce titre est une réussite dans le message qu’il transmet. Alors oui, certes, le sujet est difficile, mais voilà, prendre conscience d’une chose, c’est déjà admettre son existence, le premier pas pour faire avancer notre civilisation qui, par certains égards, reste toujours inhumaine. Félicitations donc à ces autrices pour nous offrir matière à réflexion par un récit habilement mené et également illustré de façon remarquable.
Aaron est un jeune étudiant à l’histoire a priori banale. Bien élevé et entouré de ses proches, il ne fait pas d’histoire, ne fait parler de lui. On pourrait presque dire qu’il a tout pour être heureux. Cependant, en silence, il souffre d’un mal inavouable…
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« Aaron » est un titre dérangeant, troublant. Prise de risque indéniable de la part de l’éditeur et de son auteur, le récit traite avec beaucoup de pudeur de déviance sexuelle. Le sujet, certes malaisant, est amené avec beaucoup de délicatesse grâce à une construction narrative d’une extrême lenteur. Les illustrations, cloisonnées dans un gaufrier pour l’essentiel de 12 cases par page, sont d’une remarquable réalisation. Tout en finesse et en précision, elles insufflent dès les premières pages une atmosphère particulière à l’album, une tranquillité, un calme avant la tempête.
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L’auteur ne juge pas, ne questionne pas, ne donne pas de remède, il nous permet simplement d’être les témoins d’un instant de vie déchirée. Aussi nous ne connaîtrons ni les prémices, ni la fin de l’histoire d’Aaron, simplement ce bref aperçu d’un homme qui se perd.
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Brillant de bout en bout, cette bande dessinée est puissante, intelligente et interpelle. À lire tout simplement.
En 1973, Glenn a 13 ans lorsque ses parents décident, à cause de résultats scolaires moyens, de l’envoyer en pensionnat au manoir Chartwell, école privée reconnue pour son sérieux et sa rigueur. Là-bas il va apprendre la vie en collectivité, se faire des amis, mais également découvrir la face sombre de l’humanité. À l’instar de ses camarades, il sera victime de pédocriminalité : une proie bien trop facile pour le directeur d’établissement dont les boniments et le charisme n’éveilleront jamais aucun soupçon…
Il fallait beaucoup de courage à Glenn Head pour enfin dévoiler son histoire, son drame et tous ces drames. Il a eu cette force, cette volonté de révéler au monde entier son mal-être, cette blessure profonde qui ne guérira peut-être jamais. Œuvre exutoire, elle est aussi œuvre de salut public, puisqu’elle permet de comprendre, de mieux appréhender et donc de mieux aider les victimes de pédocriminalité. L’auteur nous parle du manoir et de son monstre, mais il ne s’arrête pas là puisqu’il continue son récit jusqu’à plus tard, en 2011, ou à cinquante ans, il trouve enfin un peu de repos dans son esprit et son corps meurtris. Voilà une des forces de ce témoignage, ne pas ce contenter d’un moment, mais bien de suivre au fil des années Glenn Head dans sa construction en tant qu’homme, en tant qu’individu. Il décrit ses relations avec ses parents et leur déni de toute cette histoire. Il nous parle de son mal-être qu’il oubliera régulièrement, à la faveur d’une bonne cuite. Il évoque, sans équivoque, ses relations avec la gente féminine, qu’il ne saura jamais vraiment aimer, accepter. Par moment, nous recroisons également d’anciens camarades de Glenn et tout comme lui, les années ont passé, sans la moindre flamme, éteinte trop rapidement.
Oui, il fallait du courage, mais aussi beaucoup de talent pour s’ouvrir de la sorte et partager ces horreurs dans un album sans voyeurisme et à la portée de tous et toutes.