Espérance
C’était les meilleur·es ami·es du monde. Elle et lui aimaient se promener dans les bois, patauger dans la rivière, écouter gronder l’orage caché·es dans le grenier… Ensemble les enfants partageaient chaque instant de la vie, les rires, les jeux, les peurs… Iels étaient inséparables, jusqu’au jour où la jeune fille ne répond pas à l’appel de son ami. Très triste, le garçon se lance à sa recherche…
L’autrice, par la voix du personnage principal, nous raconte une belle histoire d’amitié entre deux enfants. Cependant celle-ci prend fin brutalement, sans raison apparente, si ce n’est une nouvelle rencontre. Le récit bascule alors sur le chagrin, l’incompréhension et les désillusions vécues par le garçon qui reste seul. Le texte simple est écrit à la première personne, au passé, ce qui laisse pressentir dès le début du livre le côté éphémère des sentiments. Les illustrations à la gouache sont très expressives et les représentations de la nature sont magnifiques.
Cet album très touchant montre bien à quel point on peut être blessé·e, se sentir trahi·e, voir abandonné·e lorsqu’une relation amicale intense se brise. C’est également un message d’espoir, sur la manière de rebondir positivement, sans colère, ni rancune.
Le titre, « Amitiés » au pluriel, est bien pensé, car dès l’enfance on apprend très vite que toutes les complicités ne sont pas forcément éternelles. La vie est faite d’une multitude de rencontres qui en font sa richesse.
« Avec son frère Aman, Yémané a quitté son pays, l’Erythrée, dans l’espoir d’un avenir meilleur. » Mais la traversée est longue et douloureuse. L’arrivée à Calais est synonyme de nouveau départ. Yémané prend « un instant de silence », pour repenser à toutes les épreuves vécues.
Chaque double page présente à la fois l’avancée au sein du camp, les souvenirs de son Afrique natale ou encore le périple en mer…
L’autrice titre chaque page par un verbe : « pour me souvenir », « pour comprendre », « pour pleurer », « pour nous reconstruire » …et y pose un texte sobre. Le personnage principal est toujours représenté sans bouche, peut-être pour faire écho à ce passage : « Pourquoi certains peuvent-ils courir, rire, rêver, étudier, s’empiffrer et d’autres, juste se taire ». Enfin une longue lettre écrite aux parents restés au pays clôture le récit.
C’est un album poignant, très fort et touchant qui fait ressentir profondément et sans jugement le parcours de ceux/celles qui doivent tout quitter dans l’espoir d’une vie décente. La poésie, l’émotion et la sensibilité de l’écriture sont une belle manière d’aborder le sujet des migrants avec les enfants.