Joie
Tout commence par un ciel noir, il pleut des cordes, les enfants et même le chien semblent s’ennuyer. Une journée à rester enfermés dans la maison ? Et bien non ! La joyeuse bande ne va pas laisser quelques gouttes gâcher leur bonne humeur. Au contraire, il faut sortir, courir, chanter, danser, jouer, sauter dans les flaques… Et se dire « Quelle belle journée ! », « Quel temps rêvé ! ».
Richard Jackson, nous entraîne dans une histoire pleine de joie de vivre et d’insouciance enfantine. Au fil des pages, le ciel s’éclaircit, les copains et copines rappliquent, les parapluies s’envolent… Le vent semble porter les enfants dans leurs jeux et on a vraiment envie de les suivre dans ce moment de rires et de liberté.
Les dessins de Suzy Lee illustrent parfaitement le texte simple et enjoué. Les crayonnés noir du début laissent, petit à petit, place à des traces de bleu, puis de vert, de jaune et même de rose. Elle colorie les pages au rythme du changement de temps et de la nature qui s’illumine après la pluie.
« Une si belle journée ! » est un album optimiste et positif qui fait du bien. C’est un véritable hymne à la joie, à la légèreté, à l’enfance, à la capacité de vivre l’instant présent pleinement.
C’est à nous de décider de mettre des couleurs dans notre vie pour la rendre belle.
Lumières tamisées, ou lumières crues Anne-Fleur Multon pose un éclairage franc et sensible sur une histoire d’amour naissante ; un regard contemporain essentiel sur l’amour en général et celui entre deux femmes en particulier.
En ce début de printemps les rues de Paris sont exceptionnellement vides, ses habitant·es confiné·es ont du temps à ne plus savoir qu’en faire, lion·nes en cage entre quatre murs. L’héroïne arrache quelques heures à l’ennui en pianotant sur son smartphone. Un peu désinvolte, elle envoie un message à une personne qu’elle avait croisée en soirée avant tout ça. Quelqu’une qu’elle n’aurait pas forcément recontactée, emportée dans le tourbillon du quotidien pré-pandémie. Bientôt ces instants partagés à distance deviennent de plus en plus profonds, importants, indispensables.
Ce sont ces émotions si particulières qui nous submergent à l’aube d’une nouvelle passion, que décrit l’autrice avec beaucoup de justesse. La fusion des corps exacerbée par le désir et les petits riens du quotidien qui à chaque instant font qu’on a envie de crier « JE L’AIME » à la face du monde.
Le roman nous plonge au cœur de la vie amoureuse de ces deux femmes et plus que leur passion nous partageons leur condition d’homosexuelles, la discrimination, le regard des hommes dans la rue, et le désir d’être mère qu’on leur refuse. Un texte plein d’émotions qui invite la société à plus de tolérance et de respect, car bien sûr chacun·e est libre d’aimer qui elle/il souhaite.
Enfin la forme très moderne du récit, en totale adéquation avec le fond, ajoute encore à la qualité de ce roman.