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Souvent en écoutant avec délectation les chroniques de Clara Dupond-Monod sur France-Inter, je me disais qu’il faudrait que je lise un de ses livres mais j’hésitais toujours de peur d’être déçu par ses romans et que cela ne me gâche le plaisir de l’entendre. Comme son dernier ouvrage « S’adapter » avait eu le prix Femina, je me suis finalement lancé.
Au départ je dois dire que la perspective de passer 170 pages en compagnie d’un enfant souffrant d’un lourd handicap, lui interdisant de voir, de bouger et de parler, ne suscitait pas en moi un enthousiasme de dingue, mais que nenni ! c’était sans compter sur le talent de l’autrice qui vous accompagne avec délicatesse dans ce bouleversement familial.
Au rythme lent de la montagne cévenole de sa flore et de sa faune omniprésentes, Clara Dupont-Monod nous dépeint avec justesse et pudeur comment la naissance d’un enfant handicapé va déconstruire une cellule familiale et comment chacun de ses membres va être impacté par cette arrivée. Puis comment au fil du temps le puzzle de ces vies contrariées va doucement se réassembler pour que chacun trouve ou retrouve une place.
Un livre particulièrement bien construit, sensible et fragile qui vous emporte dans un tourbillon d’émotions.
En 110 pages, avec beaucoup de talent, Yamen Manai nous décrit une société tunisienne post « révolution du Jasmin » désabusée et abîmée, une société médiocre et rustre où la violence est omniprésente.
En s’appuyant sur son personnage qui en est depuis toujours la victime, il décrit les mécanismes de cette violence avec intelligence et décrypte comment depuis des siècles elle est un des piliers du modèle patriarcal tunisien.
Au-delà de la critique social, à travers son héros l’auteur nous interroge également sur la condition de victime et de bourreau, sur les notions d’humanité et de respect de soi. Grâce à sa rencontre avec un chien nous allons assister à la métamorphose du personnage principal, dont la clairvoyance va devenir redoutable.
Alors si vous ne craignez pas de voir ce qui se cache derrière les cartes postales des hôtels à touristes du front de mer, venez découvrir le quotidien plombant des habitant·es déshérité·es des banlieues périphériques et leurs bassesses ! Vous verrez, le dépaysement est assuré !
Il y a de la tragédie carthaginoise dans ce génial petit roman et aussi du Victor Hugo qui disait fort à propos « Ursus et Homo étaient liés d’une amitié étroite. Ursus était un homme, (Homo était une lessive, non je plaisante), Homo était un loup. »
Que vous inspire cette citation du célèbre auteur ? Dans deux heures je ramasse les copies. Bonne chance !
Petite devinette : où peut-on partager une bière avec un banquier espagnol tatoué de la tête aux pieds et une enseignante de maternelle aux cheveux rouges déguisée en Vampirella, tout en écoutant en live, le plus grand chanteur de tous les temps, j’ai nommé le merveilleux Iggy Pop et ses fabuleux Stoogies ? Où peut-on danser un pogo avec un chef d’entreprise suédois, un chômeur de Liverpool et une factrice d’Argenteuil ? Où peut-on léviter à deux mètres du sol soufflé par des enceintes hautes comme des immeubles entourés de bisounours déguisés en gros méchants ?
Je vous le donne en mille Emile au HELLFEST, qui contrairement à ce que son nom indique, constitue pour beaucoup de quarantenaires biberonnés aux AC/DC, KISS, Trust et autre Metallica un paradis sur terre et non un enfer.
Pourquoi ? Pour la musique évidemment, mais pas que. Pour le folklore, oh oui ! Pour cette énorme sens de la dérision et du loufoque qui anime tous et toutes les participant·es. Pour le magnifique tonneau des Danaïdes que représentent les 16 bars qui déversent chaque année, avec modération bien sûr, 1 080 000 demis de bière sur la foule pas uniquement assoiffée de sang, comme le voudrait la légende.
C’est cette ambiance si particulière et cette atmosphère complétement déjantée que ce très beau livre et ses splendides photos vous invitent à découvrir. Vous y trouverez aussi une annexe très bien faite qui mesure en chiffres et en diagrammes ce que représente le Hellfest : 844 00 festivalier·ère de 70 nationalités différentes accueillis depuis 2006, 3000 bénévoles... Enfin pour les plus mélomanes (eh oui on utilise aussi ce terme pour les amateur·rices de Death Metal), l’ouvrage est une encyclopédie très complète de la musique Metal, puisqu’il contient une fiche sur chaque groupe ayant participé à l’événement et ils sont pléthoriques.
Pour ceux qui voudraient prolonger l’expérience et retrouver un peu de l’univers rock, trash et foutraque du Hellfest en roman, je vous conseille « Le livre sans nom » de la série « Bourbon Kid » disponible dans le rayon Mondes étranges de votre médiathèque.
Stan, paléontologue sur le retour, organise une dernière expédition dans les Alpes à la poursuite de ses rêves. Le voyage qui semble, au départ, plein de promesses et d’espoirs se confronte rapidement à la rudesse de la montagne, magnifiquement captée par l’œil à la fois cinématographique et poétique de l’auteur.
Au-delà du fantastique tableau que peint Jean-Baptiste Andréa, il y a aussi une intrigue finement ciselée. Par d’habiles va-et-vient entre le personnage enfant et adulte il construit son portrait et offre autant d’indices aux lecteurs pour comprendre sa psychologie et percevoir l’issue de son aventure.
Les descriptions de la jeunesse du héros sont particulièrement sensibles et émouvantes et le suspense monte crescendo pour atteindre des sommets, deux raisons de vous laisser entraîner sur les pentes accidentées de ce destin atypique.
Si l’univers de l’auteur et son écriture vous séduisent je vous invite également à découvrir son premier roman « Ma reine » (prix du premier roman 2017) et son dernier roman « Des diables et des saints » qui constituent avec celui-ci un triptyque sur l’enfance.