Conseils lecture
Selon sa tante, Miyo est une bonne à rien, pourtant elle va réussir à décrocher un emploi dans la boutique de M. Momotoshi, un marchand excentrique spécialisé dans l’importation de toutes sortes de babioles. Une nouvelle vie commence donc pour la jeune orpheline qui va devoir apprendre de nouveaux codes de conduite mais également mettre à profit son talent de divination...
Que voici un manga fort sympathique qui devrait trouver un plus large public que celui habitué au genre. Nous sommes sur un récit de type « seinen », destiné aux adultes, mais qui présentement peut être lu par un plus jeune public tant l’histoire est délicate et délicieuse. Nous suivons donc Miyo, tendre et attendrissante avec ses côtés un peu gauche et sa timidité propres aux personnes ayant été dévalorisées dans leur enfance. Même si cela ne constitue pas la trame principale, on devine que Miyo va s’épanouir en trouvant écoute et stimulation auprès de cet étrange M. Momotoshi. Cette intrigue, qui sera le fil conducteur de cette œuvre en 6 volumes, est distillée dans les nombreuses histoires que nous proposent le manga. Les différents chapitres proposent à chaque fois la découverte d’un objet occidental de la fin du 19e siècle et une fiche explicative de son fonctionnement. Loin d’avoir livré tous ses secrets dans ce premier volume, nous attendons avec impatience d’en savoir plus sur le don de divination de Miyo, qui devrait par la suite se montrer d’une extrême importance…
Depuis des dizaines d’années, le littoral breton est envahi d’étranges algues vertes. Ici et là, elles apparaissent, transformant d’innocentes promenades bucoliques en un combat de vie ou de mort. Ces algues, en se décomposant, diffusent de l’hydrogène sulfuré dont l’odeur d’œuf pourri est incommodante, mais pire que la gène olfactive, c’est un véritable poison pour toute créature l’inhalant. Depuis les années 80, elles font des victimes. Des femmes et des hommes ont alerté les autorités compétentes, mais - et c’est peut-être cela le véritable drame -, ils se heurtent à l’appareil d’État, bien désireux d’étouffer l’affaire et de protéger certains intérêts... Si cela avait été une fiction, nous serions devant un récit captivant et nous nous dirions, non ce n’est pas possible, c’est trop gros, pas en France... Malheureusement, tout est vrai. Cette enquête détaillée, minutieuse, nous plonge dans la honte, la colère et l’écœurement. Inès Léraud, journaliste et autrice de ce documentaire, nous dévoile les rouages d’un système gangréné par les connivences entre le monde politique et le monde industriel (ici agroalimentaire). L’un et l’autre se protégeant, l’un pour le pouvoir, l’autre pour le profit. Les questions environnementales et/ou de santé public sont balayées, relayées au second plan alors qu’elles devraient être la base de toutes les constructions, évolutions de la société. « Algues vertes » revient également sur l’histoire du monde agricole, qui a connu une transformation radicale après la Seconde Guerre mondiale. Le récit n’incrimine donc pas les agriculteurs et/ou éleveurs, qui sont également victimes d’un système qui les emprisonnent, les broient et dont nous, consommateurs, sommes complices. « La revue dessinée » réalise un travail remarquable de vulgarisation et d’information. Ces initiatives doivent être encouragées afin d’éveiller et d’éduquer à l’analyse et à la critique un public noyé dans l’information commerciale d’internet et des chaînes de télévision. Si nous souhaitons une société plus juste, éveiller les consciences comme le fait cette revue et son petit frère « Topo » est un enjeux majeur pour notre futur. - Michaël
« Le poids des héros » est un récit autobiographique dans lequel David Sala nous raconte son enfance dans les années 80, mais surtout sa réalisation de soi dans l’ombre des horribles récits racontés par ses grands-pères. Tous deux ont connu la dictature franquiste puis la Seconde guerre mondiale. Ils ont vécu et survécu à bien des cauchemars. Ils sont des survivants, mais pour les yeux d’un enfant, de véritables héros. Alors pour un jeune esprit, que penser de sa vie actuelle, si ce n’est qu’elle est bien facile, bien ordinaire comparée à celle de ces monstres sacrés. Ce trouble ne le quittera jamais, mais au lieu de l’enfermer, il puisera en lui pour créer, écrire, peindre une œuvre de mémoire, salutaire, afin de trouver au final sa place, son rôle : celui de conteur.
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Tendre et mélancolique, cette œuvre aux peintures magnifiques possède un vrai ton, différent, comme un appel, à ne pas oublier.