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Tous les avis de

« Le petit illustré de l’intimité » est une série de deux petits livres au contenu riche et instructif. Chaque volume présente un sexe : la vulve pour l’un, le pénis pour l’autre.
Ces titres permettent d’aborder librement et surtout sans tabous les questions de sexualité. Ils traitent aussi bien de l’organe en tant que tel, mais aussi du genre, du consentement et d’égalité.
Les illustrations, précises et détaillées permettent de connaitre son corps pour mieux le comprendre, mieux l’appréhender.

Deux titres importants, à lire, à faire lire, à discuter avec vos enfants pour certainement un meilleur épanouissement...

Juin 1940, Pacôme Hégésippe Adélard Ladislas, comte de Champignac, coule des jours heureux dans sa petite commune de Belgique jusqu’au jour où il reçoit un bien étrange message crypté. Il est invité à rejoindre au plus vite l’Angleterre pour y apporter toute son aide de scientifique et d’inventeur. Sans en savoir plus, il quitte son beau pays pour cette mystérieuse mission. Arrivé, non sans encombre, à destination, sa tâche lui est enfin dévoilée : aider Allan Turing à percer les secrets de Énigma, machine dont se sert l’Allemagne afin de crypter ses messages et réputée inviolable… Et si la fiction était le meilleur support pour enseigner l’Histoire ? Et si dans l’Histoire, on y ajoutait un peu de notre patrimoine bédéique ? On obtiendrait sûrement une œuvre intéressante, riche et captivante. Une œuvre multigénérationnelle s’adressant ainsi à un large public et inculquant avec douceur différents savoirs. Voici ce que nous propose « Champignac », les auteurs nous racontent, en utilisant un personnage récurrent de l’univers de Spirou, des événements encore trop peu connus du grand public. Ils nous relatent, de façon simple et précise, comment Allan Turing, a réussi à percer les secrets de la machine allemande Énigma, comment grâce à ce génie, la coalition a pu sauver des milliers de vie et remporter la victoire finale. Une belle leçon d’Histoire servie par des illustrations au style franco-belge classique, proche par moment du travail de caricaturiste. Un récit captivant et éducatif, mettant en valeur le génie humain et à mettre entre toutes les mains.  - Michaël

Ours est vraiment très fatigué, il ne tient plus debout. C’est donc le moment pour lui d’aller se coucher et enfin se reposer. Enfin, pas vraiment, son voisin Canard, charmant au demeurant, est quelque peu bruyant, mais surtout incroyablement envahissant…


« Dis Ours, tu dors ? » est un album au ton humoristique et léger. L’auteur construit sa comédie autour d’une seule situation, mais agrémentée, page après page, de surprises, de répétitions et de beaucoup de folie. Il utilise simplement deux protagonistes, Ours et Canard, chacun dans un style différent, voire opposé et donc fonctionnant sur le modèle des spectacles de clowns : l'un est l'auguste (fruste, outrancier et désordonné), l'autre le clown blanc (sérieux, intelligent et rationnel). Les illustrations de Benji Davies jouent également  un rôle important dans cette comédie. Son trait épuré montre l’essentiel, il ne s’encombre pas de décors, utilise certes un peu de texture, mais pas trop. L’important est de se focaliser sur les personnages, leurs faciès et autres postures sont irrésistibles !


« Dis Ours, tu dors ? » fait partie de la série « Dis Ours », dont chaque album procure un agréable moment de lecture et rend indéniablement accro à nos deux énergumènes.

« Corps vivante » est le témoignage sensible et sincère de son autrice : Julie Delporte. 
Par ce petit livre, elle nous convie dans son intimité, partage ses joies, mais aussi ses peines, son désarroi.
Elle parle de sa sexualité, de cette société qui enferme et empêche tout épanouissement.
Elle raconte le viol dont elle a été victime, ses rapports avec les hommes, avec les femmes, sa lente déconstruction.
Bien heureusement, elle écrit aussi sur sa reconstruction. Elle évoque des références littéraires, cinématographiques, culturelles dont elle s’est nourrie pour enfin « être ».

« Corps vivante » est un récit intimiste, certes exutoire, mais profondément tourné vers les autres afin d’éveiller et de libérer.
 

Pluie et Ongle sont des sorcières. Accompagnées de Georg, l’enfant qui les a libérées, iels fuient ensemble l’Inquisition et la crédulité de l’humanité. Fuir, mais pour aller où ? Ce monde est si violent, le danger est partout, protéiforme et sans pitié. Quels choix s’offrent à elleux ? Aucun, si ce n’est un ultime combat, contre le Mage, le Grand Inquisiteur, le soi-disant bras droit de Dieu qui détient des secrets inavouables…


« Ils brûlent » est un récit puissant, âpre et violent. Dès les premières pages, il vous accapare, vous hypnotise et ne vous délivre qu’à la dernière page, avec ces derniers mots qui hélas sont : « à suivre ». L’intrigue n’est pas à proprement parler d’une grande originalité et pourtant… Chaque page pousse à la suivante développant ainsi une aventure foisonnante et terriblement oppressante. Les personnages, ces héros·ïnes, pourraient faire peur, iels ne sont pas beaux, mais ne sont pas caricaturaux, iels sont à l’image de ce monde : dur·es et sauvages. Cependant, les mystères qui les entourent, les blessures qu’iels portent en elleux en font des êtres attachants. Iels sont fort·es et faibles à la fois, terriblement humain·es.


Le dessin d’Aniss El Hamouri est également d’une puissance folle. Un trait léger et délicat à l’encre, souvent minimaliste, mais rehaussé d’un peu de sépia, suffit à planter le décor, à donner vie à cet univers d’inspiration médiévale. Son découpage, sa mise scène sont savamment réalisé·es, jouant avec les cases, les pleines pages et ainsi la narration devient tantôt rapide, tantôt posée.


« Ils brûlent » est le premier tome d’une trilogie qui s’annonce passionnante, à notre tour nous allons brûler d’impatience en attendant la suite…

Monsieur Henri vit dans un arrêt de bus depuis déjà très longtemps. Tellement longtemps que plus personne ne le remarque vraiment. Un jour, par le plus étrange des hasards, un éléphanteau vient s’asseoir à côté de lui.
Qu’il est beau ce petit éléphant, mais comme il a l’air triste… C’est décidé, Monsieur Henri va l’aider à retrouver sa famille même si pour cela il doit, un temps, quitter son abri…


« L’arrêt de bus » est un très joli album sur l’amitié et l’entraide. L’autrice délivre un texte certes court, mais empli d’une abondance d’émotions. D’une grande sensibilité, par moment mélancoliques, ces mots nous enveloppent d’une couverture de bien-être.
Ils sont en parfaite harmonie avec les délicieuses illustrations, au style « anglais » de Juliette Lagrange. Un travail pictural remarquable tant par le trait, fin et délicat, que par la mise en couleur : des aquarelles savamment travaillées, aux couleurs justes et équilibrées.


Leur travail de mise en scène est également à souligner, mélangeant allègrement illustrations pleine page, magnifiques de détails et saynètes plus intimistes, propices à l’émotion.


« L’arrêt de bus » est un très bel album, tout en retenue, propice à la lecture en famille.

En 1907, un riche mécène engage l’égyptologue Howard Carter pour explorer la Vallée des Rois. Fouillée de fond en comble, celle-ci a déjà livré d’inestimables trésors. Sans doute ne reste-t-il plus grand chose à découvrir mais Carter est un homme de terrain avisé et opiniâtre, très intransigeant sur les méthodes de travail. En 1917, il décide de concentrer ses efforts sur la piste d’un obscur pharaon, tombé dans l’oubli. Au bout de cinq années de vaines recherches, une ultime campagne de fouilles est financée…

Pour nous faire vivre « de l’intérieur » cette quête obstinée, les auteurs s’attachent à en décrire de façon minutieuse tous les obstacles et les enjeux : négociations en coulisses, rivalités entre Britanniques, Français et Egyptiens, afflux insupportable des touristes, pression des journalistes, protection et conservation des objets, défis techniques…
Le scénario très documenté a été écrit avec l’aide d’une égyptologue mais reste fluide et passionnant jusqu’au bout, même pour les non initiés. Le dessin, réaliste et précis, et la « patine « un peu rétro de la mise en couleurs ajoutent au charme de cette astucieuse BD-docu, joliment ficelée.

Bédéiste depuis déjà une vingtaine d’années, Anouk Ricard officie dans un registre classique, mais ô combien difficile, celui de l’humour. Cependant, contrairement à beaucoup de ses collègues, elle écrit ses récits avec un humour dénoué de méchanceté et/ou de moqueries, jouant plutôt sur les situations et autres quiproquos… Cela fait donc de chaque album une œuvre à partager en famille, grâce à différents niveaux de lecture. Ce titre en est la parfaite illustration : « Animan », de son vrai nom Francis, a le pouvoir de se transformer en n’importe quel animal ! Un super pouvoir qui l’aide à résoudre des enquêtes, mais il s’en sert aussi dans sa vie de tous les jours. Il vit en couple avec une grenouille qui un jour se fait kidnapper par son ennemi juré, le terrible Objecto…

Un récit drôle et plein de suspense, constitué de récits courts, entrecoupés de peintures et formant au final une histoire complète : un subtil « n’importe quoi », entre humour, polar, superhéros et chronique familiale…

Absolument indéfinissable, bourré de charme et hilarant !

Voici un titre des plus étranges, difficile à classer ou à destiner à un public en particulier. Sa narration est composée de saynètes aux chutes rigolotes, mais parfois, voire les deux en même temps, mélancoliques. Nous découvrons donc Maya, une jeune fille de 8 ans qui vit avec son oncle (ses parents ayant disparu avec le vol BW 404). Personne ne sait s’iels ont survécu et cette question sera le fil conducteur de l’album. Cette question on la ressent en Maya, elle flirte avec le désespoir et l’espoir, ce dernier, pourtant si faible, l’empêche de sombrer.

Tout au long de l’album, elle se questionne sur le monde, comment il fonctionne, pourquoi sommes-nous là ? Elle interroge son oncle, son ami Léonardo, sur la place de l’humanité eu égard aux végétaux et autres formes de vies animales. Chacun·e apporte sa pensée, sa vision des choses, mais également des faits scientifiques. Ce mélange de science et de philosophie fonctionne à merveille, nous nous attachons à tous·tes les protagonistes jusqu’à cette fin, véritable claque scénaristique qui nous laisse sans voix, stupéfait, branlant et déjà en manque de la suite…

Simon, un jeune Anglais de 14 ans un peu rondouillard, est la tête de turc des gamins du quartier. Cela, il le cache à ses parents, de toute façon trop occupés par leurs incessantes disputes. Cette vie pas vraiment folichonne va vite devenir un grand n’importe quoi le jour où il remporte plus de 16 millions de livres en pariant sur une course hippique…

Si le script de départ à l’air assez classique, il n’en est pourtant rien. Ce récit, drame familial burlesque, est un régal de lecture. Les situations s’enchaînent à un rythme effréné et les dialogues ciselés fusent avec malice pour notre plus grand bonheur. Cette comédie dramatique est huilée comme il le faut, d’une fluidité et d’une limpidité d’orfèvre.
Cependant, ce qui fait la vraie originalité de ce titre, ce n’est pas son histoire, mais bien le traitement graphique choisi par son auteur. Oubliez le style franco-belge, japonais ou états-uniens, les aquarelles et autres lavis aux nuances infinies… Bienvenue à l’ère du « stylisé » ! Le récit est illustré d’un point de vue inhabituel : les scènes d’intérieur et d’extérieur nous sont rendues en mode aérien, où transitent des personnages réduits à un cercle de couleur, reliés par un trait à des zones de dialogues. Déroutant… peut-être un peu au début, mais le procédé fonctionne tellement bien que l’on se l’approprie rapidement.

Textes et illustrations sont étroitement liés, la mise en scène novatrice de Martin Panchaud est un tour de force bluffant !