Conseils lecture
1916, Elisabeth Freeman est une suffragette, elle milite pour le droit de vote des femmes états-uniennes. Lorsque le sociologue William Du Bois lui propose de profiter de son voyage à Waco pour enquêter en toute discrétion sur ce qui est arrivé au jeune Jesse Washington disparu après son interpellation par le shérif, Elisabeth n’hésite pas un instant… Son combat pour l’égalité et la liberté est universel !
Une nouvelle page d’histoire nous est proposée par l’excellente collection documentaire « Karma » de chez Glénat. Bien sûr, elle est peu reluisante : elle dénonce une société patriarcale violente envers les femmes désireuses d’émancipation, mais aussi les horreurs de ce sud états-unien, arriéré et sanglant, où la justice n’est qu’un vain mot. Pourtant, malgré cette brutale réalité, on ressort tout de même rassuré par ces femmes et ces hommes qui combattent au péril de leurs vies l’injustice et l’intolérance. Une lueur d’espoir, certes faible tant la bêtise semble omniprésente et contagieuse, mais bien présente et qu’il nous faut absolument entretenir.
Personnellement, je ne connaissais pas Elizabeth Freeman, maintenant si ! et j’en suis heureux car s’enrichir de modèles aux valeurs positives n’est que trop important pour donner le courage de faire de notre société un monde meilleur.
A partager à tous et toutes !
Il y a trois ans, la ville de Poughkeepsie fut l’objet d’une mystérieuse catastrophe. Depuis, la ville est mise en quarantaine. Là-bas la réalité a été altérée et les dangers sont multiples. Malgré cela, Addison est l’une des rares à braver l’interdiction et y pénétrer. Elle prend des clichés de la zone afin de les monnayer à de riches collectionneurs. Vénale, elle ne l’est pourtant pas, cet argent sert à aider sa sœur, une des rares survivantes de la « Spill Zone ». Pourtant Addison va accepter un dernier contrat qui, si elle le réussit, les mettra à l’abri du besoin. La « Spill zone », il est si facile d’y entrer... mais de plus en plus hostile et difficile d’en sortir. Récit complet en deux volumes « Spill zone » est une des bonnes surprises de cette année. L’œuvre est très bien écrite, étrange, inquiétante et pleine de suspense et de rebondissements. A aucun moment on ne s’ennuie, on tourne les pages de l’album avec frénésie tant il est difficile de se détacher du récit. Cette intrigue, si bien ficelée, si bien amenée, est une réussite en terme d’écriture de de narration. L’illustration est également un pan important de l’œuvre puisqu’elle intensifie la tension du récit par son trait unique et une mise en couleur alternant des tons sombres et criards. Voici donc un comics de haute qualité, complet en deux volumes, qui saura séduire le lecteur exigeant. - Michaël
Michel, 19 ans, commence son apprentissage en coiffure dans le salon de Gérard. Il apprend les gestes et savoir faire de son métier auprès de Carole, une jolie blonde peu farouche. Le jeune homme inexpérimenté qu’il est, succombe évidemment à son charme...Etre coiffeur lui vaut quelques moqueries dans la cité, mais lui permet de se rapprocher facilement de la gent féminine et d’apprendre à la connaître. Notre jeune homme va donc découvrir – avec quelques difficultés mais surtout beaucoup de bonheur – qu’il n’a pas besoin d’être un apollon ou un séducteur pour toucher le cœur des femmes. Et surtout de celle qui - à son grand étonnement – lui plaît de plus en plus (malgré sa couleur ratée). Sylvain Cabot signe ici un titre plein de tendresse à l’atmosphère rétro. Un petit morceau de vie – de quartier et de jeune adulte – dans un lieu on ne peut plus banal, mais où chacun à force de petites attentions portées à l’autre, trouve sa place et se sent bien. Sylvain Cabot et son héros Michel partagent ceci : savoir enjoliver la vie à coup de couleur et de pinceau. N’hésitez donc pas, au salon Dolorès & Gérard, vous passerez un doux moment en bien agréable compagnie. - Michaël
Selon sa tante, Miyo est une bonne à rien, pourtant elle va réussir à décrocher un emploi dans la boutique de M. Momotoshi, un marchand excentrique spécialisé dans l’importation de toutes sortes de babioles. Une nouvelle vie commence donc pour la jeune orpheline qui va devoir apprendre de nouveaux codes de conduite mais également mettre à profit son talent de divination... Que voici un manga fort sympathique qui devrait trouver un plus large public que celui habitué au genre. Nous sommes sur un récit de type « seinen », destiné aux adultes, mais qui présentement peut être lu par un plus jeune public tant l’histoire est délicate et délicieuse. Nous suivons donc Miyo, tendre et attendrissante avec ses côtés un peu gauche et sa timidité propres aux personnes ayant été dévalorisées dans leur enfance. Même si cela ne constitue pas la trame principale, on devine que Miyo va s’épanouir en trouvant écoute et stimulation auprès de cet étrange M. Momotoshi. Cette intrigue, qui sera le fil conducteur de cette œuvre en 6 volumes, est distillée dans les nombreuses histoires que nous proposent le manga. Les différents chapitres proposent à chaque fois la découverte d’un objet occidental de la fin du 19e siècle et une fiche explicative de son fonctionnement. Loin d’avoir livré tous ses secrets dans ce premier volume, nous attendons avec impatience d’en savoir plus sur le don de divination de Miyo, qui devrait par la suite se montrer d’une extrême importance… - Michaël
Faith est une jeune fille particulière qui partage son existence entre deux mondes. Un monde imaginaire peuplé d’amis animaux anthropomorphes où elle se sent heureuse et celui de la réalité, avec ses soucis familiaux et sa maladie qui l’isole de plus en plus. Chaque jour qui passe est une victoire sur la mort, mais la maladie progresse et les deux mondes en sont bouleversés, se chevauchant dangereusement... Les éditions Delcourt nous proposent un titre très étrange, voire déroutant par moment, mais si intrigant qu’il nous tient à la lecture jusqu’à la dernière page. Même une fois le livre refermé, la magie opère encore, questions et interprétations jaillissent. Chacun avec sa sensibilité, son histoire pourra entrevoir sa vérité, mais il s’agit bien avant tout d’un récit sur la perte d’innocence lorsque l’on entre dans l’âge adulte. « Dans la forêt des lilas » est un récit initiatique qui se situe à la frontière entre deux étapes de la vie. Il traite de la peur de perdre ceux qu’on aime, de l’apprentissage des limites et de la solitude. Les illustrations au style onirique sont magnifiques de délicatesse. Un roman graphique pour les plus de 12 ans, émouvant et saisissant. - Michaël
Julian voyage dans le métro avec sa Mamita quand soudain il voit passer trois magnifiques femmes habillées en sirène. Admiratif, il rêve alors lui aussi d’en devenir une. Arrivé chez sa Mamita, il entreprend de se confectionner un magnifique costume avec les rideaux et plantes d’intérieur, et Mamita le surprends ! Que va-t-elle penser de lui ? Elle pense qu’il est temps de l’amener à la grande parade des sirènes. Jessica Love nous offre un magnifique récit ancré dans la modernité et dans les questionnements actuels de la société. Julian, un petit garçon, qui rêve de s’habiller en sirène ? et pas d’adultes pour lui dire qu’il n’a pas le droit de le faire ? cela fait du bien ! Le message d’amour et de tolérance de la Mamita pour son petit-fils est touchant de tendresse. Les illustrations prennent vie sous nos yeux. Les postures et gestes des personnages sont magnifiquement illustrées et la vie d’un quartier afro-américain mis en scène avec humour, fourmillant de petits détails. Entre ces scènes de la vie quotidienne se glissent des pages plus oniriques, ou Julian donne libre cours à son imagination du monde aquatique. Cet album est un régal tant dans la justesse du récit que dans le thème abordé ; les illustrations elles, nous vont droit au cœur. Il est assurément, l’un de mes plus grands coups de cœur de cette année 2020.
On ne présente plus le mythe de Tarzan, cet enfant élevé par des gorilles et devenu le protecteur de la jungle équatoriale. Ses aventures ont été moult fois racontées et transformées et c'est justement là le sujet de cette bande dessinée : comment raconter cette fabuleuse histoire et trouver un nouvel auditoire ? L.L. de Mars, l'auteur, nous entraîne dans ce récit aventureux et en fait, case après case, une analyse critique stupéfiante. Nous sautons d'un récit à l'autre grâce à un jeu de style nous tenant jusqu'à la fin. Un véritable OVNI dont la réalisation est parfaite et qui pose de véritables questions sur la création artistique. Une curiosité à découvrir. - Michaël
1832, aux alentours de Boston. Prudence Crandall dirige une école pour filles et jouit de ce fait de la considération de tous ses concitoyen•nes dans un état, le Connecticut, où l’esclavage a été aboli. Pourtant lorsque Sarah, la première élève noire, fait son entrée en classe, un vent d’hostilité soulève la petite ville. Car être libre ne veut pas dire être citoyen•ne, encore moins pouvoir bénéficier d’une éducation... Prudence, qui porte assez mal son prénom, porte l’affaire en justice et persévère auk risque de se retrouver mise au ban du village. Lupano et Fert livrent une bande dessinée résolument féministe, basée sur un fait historique assez bref (l’école dura deux ans), mais fondateur pour la communauté abolitionniste. C’est d’ailleurs le propos du cahier final qui croque les vies de quelques-unes des élèves de Prudence et révèle l’incroyable héritage de cette pionnière pédagogue. Au-delà de cette découverte historique très plaisante, cette BD est aussi un récit alerte mené par une narration virevoltante et basé sur personnages bien campés quelque soit leur camp. Certains passages et personnalités satellites permettent d’enrichir le propos de références modernes qui parleront à bien des lecteur•rices (les sorcières et autres insoumis•es ne sont pas bien loin...). Quant au graphisme, Stéphane Fert a encore fait des merveilles, jouant de la couleur et de la mise en case avec brio. Blanc autour : gros cœur dessus ! - Aurélie
Ils sont quatre. Ils sont "amis" et ont un point commun qui les rassemble : leur mauvaise réputation ! Monsieur Loup, Monsieur Piranha, Monsieur Requin et Monsieur Serpent ont décidé, le temps de cet album, de vous prouver une bonne fois pour toutes qu'ils ne sont pas, mais vraiment pas, de mauvais gars...
Quelle idée originale d'Aaron Blabey que de nous proposer un récit jeunesse uniquement centré sur des personnages que l'humanité, au fil des siècles, a transformé en monstres. Alors pourquoi ne pas les réhabiliter, enfin si on veut... et surtout de façon humoristique. Oui ce récit est une vaste plaisanterie : on rit à chaque page, chaque situation. La bonne volonté ne suffit pas toujours et nos charmants compagnons en sont le parfait exemple.
Le récit est rythmé et s'affranchit des codes en brisant régulièrement le quatrième mur par l'intermédiaire de Monsieur Loup, le personnage principal.
Côté dessin, l'auteur possède un style plus proche de l'illustration jeunesse que de la bande dessinée, mais peu importe, cela fonctionne à merveille ici. Des plans moyens, des gros plans et des très gros plans sont sur-utilisés afin de centrer toute l'attention des lecteur·rices sur les faciès hilarants de nos protagonistes.
"Les bad guys" est un court mais intense moment de rigolade et vous pourrez prolonger le plaisir grâce à son adaptation animée sur grand écran.
Aujourd’hui, Julian et sa grand-mère sont invité·es à un mariage. Le petit garçon rencontre Marisol, une petite fille venue avec sa grand-mère également. Un mariage, c’est pour fêter l’amour ! Les enfants s’amusent, jouent sous les tables, dans le jardin, et même avec le chien des mariées. Oh non, Marisol a sa robe toute tâchée ! mais Julian à une idée…
Après le très remarqué « Julian est une sirène », Jessica Love revient avec un autre album de Julian, tout aussi réussi que le premier opus. Les personnages, issu·es de la communauté afro-américaine, sont grandement inspiré·es par les influences culturelles de l’autrice. Le sujet du mariage homosexuel n’en est pas un tant le récit ne semble pas justifier ce choix. De la même manière, Julian aime mettre de jolies robes, et cela ne pose de problèmes à personne (c’était déjà le cas dans Julian est une sirène). Le message du récit est ouvert et chaleureux.
Du côté de l’illustration, les expressions faciales des personnages valent le détour. Iels sont croqué·es avec beaucoup de justesse, d’humour et de douceur. Le travail d’illustration autour des vêtements reste, comme dans le premier album, remarquable, que ce soit au niveau des couleurs ou bien des étoffes. Les protagonistes sont tous et toutes habillé·es avec beaucoup de style.
Cet album est une ode à la joie de vivre et à l’acceptation de l’autre : il fait beaucoup de bien.